Introduction
La restauration est l’un des secteurs les plus dynamiques en Europe, porté par la diversité culinaire et l’essor du tourisme. Cependant, cette industrie fait face à une pénurie chronique de main-d’œuvre qualifiée, poussant de nombreux établissements à recourir à des travailleurs détachés, notamment originaires de Roumanie. Ces professionnels viennent renforcer les équipes dans divers postes : serveurs, cuisiniers, plongeurs, chefs de rang, ou encore barmans.
Si le travail détaché offre de réelles opportunités pour les travailleurs roumains et répond aux besoins des employeurs, il n’est pas exempt de défis. Conditions de travail parfois difficiles, complexité des contrats, intégration culturelle et linguistique, sans oublier les perspectives de carrière souvent limitées : autant de problématiques auxquelles ces travailleurs doivent faire face.
Cet article explore en profondeur les défis du travail détaché roumain dans le secteur de la restauration, en s’intéressant aux aspects contractuels, aux conditions de travail, aux enjeux d’intégration et aux perspectives d’évolution professionnelle.
1. Le cadre légal du travail détaché en restauration
a) Définition et principes du travail détaché
Le travail détaché repose sur un principe simple : un salarié est employé par une entreprise basée dans son pays d’origine (ici, la Roumanie) mais est temporairement envoyé travailler dans un autre pays de l’Union européenne. Ce système est encadré par la directive européenne 96/71/CE, révisée en 2018, qui impose le respect de certaines conditions :
- Rémunération conforme aux minima légaux du pays d’accueil
- Conditions de travail identiques à celles des salariés locaux
- Respect des temps de travail et de repos
En restauration, ce dispositif est souvent utilisé pour répondre à des besoins saisonniers ou pallier des pénuries de personnel.

b) Complexité des contrats et risques de fraudes
Un des principaux défis du travail détaché roumain réside dans la complexité des contrats. Entreprises intermédiaires, agences d’intérim, ou employeurs directs : les schémas de détachement sont variés et parfois opaques.
Certains abus ont été constatés, notamment :
- Sous-déclaration des heures travaillées
- Non-respect des salaires minimaux
- Absence de couverture sociale adéquate
Des efforts ont été faits au niveau européen pour renforcer les contrôles, mais les disparités entre les législations nationales compliquent encore la tâche.
2. Les conditions de travail des travailleurs détachés roumains
a) Horaires intensifs et pression du secteur
La restauration est réputée pour ses horaires longs et souvent décalés. Pour les travailleurs détachés roumains, ces contraintes sont parfois accentuées :
- Journées de travail de 10 à 12 heures
- Horaires coupés (service du midi et du soir avec une longue pause entre les deux)
- Travail le week-end et les jours fériés
Dans certains cas, des heures supplémentaires non déclarées sont imposées, entraînant fatigue et stress pour les salariés.
b) Rémunération et avantages sociaux
Bien que la législation impose l’égalité salariale entre travailleurs détachés et locaux, des écarts persistent :
- Certains employeurs profitent de la méconnaissance des lois par les travailleurs pour baisser les salaires.
- Les avantages sociaux (tickets restaurant, primes, indemnités de logement) ne sont pas toujours accordés aux détachés.
Cependant, même avec ces défis, les salaires dans les pays d’accueil restent souvent plus attractifs que ceux en Roumanie, ce qui motive de nombreux travailleurs à accepter ces conditions.
c) Conditions de logement
Un autre défi majeur est lié au logement. Certains employeurs proposent des logements collectifs, souvent vétustes ou sur-occupés. Dans d’autres cas, les travailleurs doivent se loger par leurs propres moyens, ce qui engendre des coûts supplémentaires.
3. L’intégration culturelle et professionnelle : un défi majeur
a) Barrière linguistique
La maîtrise de la langue du pays d’accueil est un enjeu crucial pour les travailleurs détachés en restauration. Si certains postes (comme la plonge) nécessitent peu d’interactions verbales, d’autres (serveur, chef de rang) exigent une bonne compréhension et expression orale.
La barrière linguistique peut entraîner :
- Des malentendus avec les clients ou collègues
- Un sentiment d’isolement pour le travailleur
- Des limites dans l’évolution professionnelle
b) Intégration dans les équipes
La restauration est un secteur qui repose fortement sur la cohésion d’équipe. L’intégration des travailleurs roumains peut parfois être complexe :
- Différences culturelles dans les manières de travailler
- Préjugés ou stéréotypes liés à la nationalité
- Isolement social en dehors du travail
Des initiatives sont parfois mises en place par les employeurs pour favoriser l’intégration :
- Cours de langue
- Activités d’équipe (sorties, repas)
- Parrainage par un salarié local

c) Adaptation aux standards locaux
Chaque pays a ses propres normes et attentes en matière de restauration. Les travailleurs détachés roumains doivent s’adapter rapidement aux :
- Standards de service (protocole, présentation)
- Techniques culinaires spécifiques
- Normes d’hygiène et de sécurité
Cette capacité d’adaptation est souvent saluée par les employeurs qui reconnaissent la flexibilité et la motivation des travailleurs roumains.
4. Perspectives d’évolution et de carrière
a) Limitations dans les perspectives d’évolution
Un des grands défis du travail détaché roumain en restauration est le manque de perspectives d’évolution professionnelle. Plusieurs freins existent :
- Statut temporaire limitant les possibilités de formation ou promotion
- Barrière linguistique freinant l’accès à des postes à responsabilité
- Moins d’accès aux programmes de formation interne
De nombreux travailleurs détachés restent cantonnés à des postes d’exécution sans possibilité de progression, même après plusieurs années d’expérience.
b) Les opportunités d’évolution
Malgré ces freins, certains travailleurs parviennent à évoluer :
- En développant leurs compétences linguistiques et techniques
- En obtenant un contrat local après leur période de détachement
- En accédant à des postes à responsabilité (chef de rang, sous-chef)
Il existe également des exemples de travailleurs détachés roumains qui, après plusieurs années, ouvrent leurs propres établissements dans le pays d’accueil.
c) Le rôle des agences d’intérim spécialisées
Les agences d’intérim jouent un rôle clé pour faciliter l’évolution professionnelle des travailleurs détachés :
- Sélection des offres adaptées au profil du travailleur
- Suivi administratif pour assurer la conformité des contrats
- Accompagnement linguistique et culturel
Les agences qui investissent dans la formation et l’accompagnement augmentent les chances d’intégration et d’évolution des travailleurs détachés.
5. Témoignages de travailleurs détachés et d’employeurs
a) Le parcours de Maria, serveuse détachée en Italie
Maria, 28 ans, a quitté la Roumanie pour travailler en tant que serveuse détachée dans un restaurant en Toscane. « Les débuts ont été difficiles à cause de la langue et du rythme intense. Mais j’ai rapidement appris les bases et aujourd’hui je suis chef de rang. Le travail détaché m’a permis de gagner en expérience et d’améliorer mon italien. »
b) Le point de vue d’un restaurateur français
Jean, propriétaire d’un bistrot à Lyon, partage son expérience : « J’embauche régulièrement des travailleurs détachés roumains pour la saison estivale. Ils sont motivés et s’adaptent vite. L’accompagnement est important pour faciliter leur intégration, notamment avec des cours de français et un logement décent. »
Conclusion
Le travail détaché roumain dans le secteur de la restauration représente une réelle opportunité pour les travailleurs et les employeurs, mais il comporte aussi de nombreux défis. Les conditions de travail, les complexités contractuelles, les enjeux d’intégration et les perspectives limitées d’évolution sont autant d’obstacles que ces professionnels doivent surmonter.
Pour maximiser les bénéfices du travail détaché et limiter les dérives, il est essentiel que tous les acteurs (employeurs, agences d’intérim, institutions) collaborent pour offrir des conditions justes et favorables à l’épanouissement professionnel.
Les travailleurs roumains, reconnus pour leur savoir-faire et leur adaptabilité, continueront ainsi à enrichir le secteur de la restauration européenne tout en bénéficiant de meilleures perspectives d’avenir.
Pour recruter des professionnels roumains qualifiés en restauration, contactez-nous à info@fullinterim.com.